Caro Fashionews

Du nouveau chez Dior…

Le styliste Raf Simons succède à John Galliano. Il est belge (flamand), a 44 ans et cultive un look sobre qui est en total rupture avec son prédécesseur.

Raf Simons

A noter que la Belgique est desormais à l’honneur chez Dior – le directeur artistique de Dior Homme, Kris Van Assche est également belge.

Kris Van Assche

Né en 1968 dans la commune néerlandophone de Neerpelt, RS est diplomé de design industriel, RS commence sa carrière en tant que créateur mobilier. Il conçoit d’abord des meubles pour des galeries et des particuliers. Il est engagé par la suite comme stagiaire au studio du syliste Walter Van Beirendonck pour lequel il travaille à la presentation et à la decoration des showrooms et collections. Puis se reconvertit dans la mode masculine et créé une 1ère collection en 1995, totalement en autodidacte.

F/W 2012

Sa signature – un look épuré, sans fioriture, moderne et minimaliste. Il a influencé la mode masculine des 15 dernières années – un sens de l’architecture, de la construction, du graphisme épuré, associé à un côté urbain, rock et moderne. Il a fait maigrir la silhouette, rajeunir l’allure, mixer le nomadisme urbain et l’esprit tailleur dans le même esprit qu’Hedi Slimane.

En mars 2000, Raf Simons ferme sa société pour entamer une année sabbatique. Il prend le temps de réfléchir à de nouvelles perspectives.

De 2000 à 2005 il enseigne en tant que professeur responsable du département mode de l’Université des arts appliqués de Vienne.

En 2003, il remporte les Swiss Textiles Award.

En 2004, il décide de relancer sa marque éponyme.

En juin 2005, il lance une nouvelle ligne « Raf by Raf Simons » et il est nommé à la tête de la marque allemande Jil Sander qu’il quitte en février dernier, apparemment à cause de chutes des ventes…

« Je me réjouis de rejoindre cette grande maison, à fait savoir le styliste. Christian Dior a toujours été pour moi le plus grand des couturiers. La maison Dior est le symbole de l’élégance absolue. Son savoir-faire unique m’inspire un profond respect. « 

Raf Simons remplacera en juillet prochain Bill Gayten qui a assuré l’intérim sans démériter puisque son style sage et fidèle a réussi à faire progresser le CA de la maison appartenant au groupe LVMH.

Bill Gaytten

Le défi – RS, designer pur et dur, devra désormais viser non plus une clientèle pointue mais commercialiser des sacs condamnés à être des it mondiaux.

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Ma selection de l’interview accordée au quotidien suisse Le Temps alors qu’il était président du jury du festival d’Hyères en avril 2011.

Etes-vous satisfait des collections présentées par les finalistes?

Les travaux de jeunes designers ne me déçoivent jamais. J’ai enseigné la mode pendant plusieurs années et j’ai appris à ne pas juger les travaux des étudiants selon mes propres goûts parce que, selon moi, il faut plusieurs collections pour vraiment sentir ce qu’une personne veut dire, comprendre le chemin qu’elle veut suivre.

Comment jugez-vous alors les silhouettes qui ont défilé hier soir?

Je me concentre sur des critères objectifs, tels que l’équilibre, la réalisation, le concept, la coupe et l’histoire que la personne a voulu raconter, si elle l’a bien transmise. Mais comme aucun des finalistes ne se détachait clairement des autres sur ces critères, c’est leur personnalité qui, en fin de compte, a joué un rôle déterminant.

Comment faire alors pour créer une collection quand on débute?

A chacun d’élaborer son discours et de tisser l’histoire de sa collection. Mais il est important de créer des points d’entrée à son travail. Par exemple, si je vous dis que je m’intéresse au travail de l’artiste Matthew Barney ou à Mike Kelley, que ces deux plasticiens m’ont inspiré, cela rend la discussion possible et permet de comprendre comment certains liens et certaines relations se mettent en place au cœur d’une collection. Cette ouverture n’est pas possible lorsque les étudiants s’enferment dans une création trop intime. On ne trouve pas la porte d’entrée qui permet de questionner les silhouettes.

Vous étiez hors contexte et pourtant la mode a très vite vu en vous et en vos contemporains l’avant-garde.

La mode est toujours à la recherche de sang neuf. C’est ça la magie du milieu, d’ailleurs. Et dans les années 90, lorsque j’ai commencé, les gros acheteurs étaient plus que jamais en quête de démarches originales. Ce n’est que plus tard que l’industrie est entrée dans les processus dont on perçoit aujourd’hui les nombreux travers. Les grandes maisons se sont mises à acheter les plus petites, elles se sont constituées en groupes de luxe ou ont été englouties par des conglomérats préexistants, elles ont fait de leurs directeurs de création des stars qui incarnaient littéralement l’image de la marque, se sont diversifiées dans les accessoires, les chaussures, les sacs… La mode à commencé à ne plus penser qu’au nombre toujours plus grand de ses clients, à n’avoir en tête que les résultats, l’enrichissement, la croissance. Alors que pour notre génération, ce n’était pas le plus important!

A mes débuts, j’estimais que si déjà une dizaine de personnes appréciaient mon travail c’était génial! Je n’envisageais d’ailleurs même pas de faire défiler mes collections!

Comment faisiez-vous alors connaître votre travail?

Je le présentais dans une chambre d’hôtel à Paris. Les choses se passaient ainsi à l’époque. Dans mon esprit, être designer ça n’était pas très compliqué: il suffisait de trouver les personnes qui achèteraient mes créations. J’ai attendu d’avoir 50 clients pour organiser un défilé, comme ça je ne prenais pas de risque financier, c’était une façon modeste et mesurée de faire les choses.

Quel serait le conseil que vous donneriez à la nouvelle génération de créateurs?

Ne grandissez pas trop vite! Trois ans après avoir lancé mon label, je me suis retrouvé avec 70 employés sous mes ordres alors que je n’avais pas encore 30 ans! Je vous assure que je n’aimais pas du tout ça!

L’industrie a évolué au cours de cette dernière décennie vers un modèle d’affaires largement diffusé mais qui n’est pas la seule manière d’envisager la mode. Tout dépend bien sûr de la taille de la place qu’on désire s’y faire. Moi, je suis persuadé qu’il existe une clientèle pour les marques de niche et les propositions originales. Il faut que les jeunes designers envisagent la possibilité de se concentrer sur une audience plus restreinte mais aussi plus à même de s’intéresser à l’histoire qu’ils ont à raconter.

Site officiel

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John Galliano – le procès vu par la presse internationale

Le quotidien suisse romand Le Temps a établi une revue de presse internationale sur le procès dont tout le monde parle… celui de John Galliano. Les références sont internationales et diverses, il s’agit là d’un très beau travail de journaliste.


Dessin de Dominique Lemarié, spécialiste des dessins d’audience.

«Des podiums au tribunal», selon le titre de Paris Match, il a donc tout oublié, dit-il. En mettant la faute sur une «triple addiction», à l’alcool, aux somnifères et au Valium. L’ex-couturier de Dior, John Galliano, traité depuis de «fasciste alcoolo» par une des femmes en affaires blogueuses du Temps, a avoué, devant la cour correctionnelle de Paris, cette faiblesse. Ce qui n’a pas empêché le parquet de requérir au moins 10 000 euros d’amende pour injures antisémites (lire LT du 23.6.2011). Mais l’homme «encourt jusqu’à six mois de prison et 22 500 euros d’amende», précisent Libération et Marie-Laure Combes, d’Europe1.fr, qui a tweeté l’événement en direct. «C’est le prix d’une très belle robe Haute Couture mais aussi la somme maximum d’une amende pour injures à caractère racial ou religieux» en France, ironise Gala. Le délibéré sera rendu le 8 septembre.

«Un pénitent», dit un brillant article du site Slate.fr, qui relate «le chemin de croix» de cet homme, aux «mains et jambes croisées, tête basse. Ses longs cheveux lâchés sur ses épaules, un costume noir relevé d’un élégant foulard à pois noué autour du cou. Il est entré par une porte dérobée pour échapper à la horde de photographes et de cameramen qui l’attendaient devant la salle. Cet homme, c’est «John Charles Galliano», comme le prononce l’huissier d’une voix forte. Cet enfant apeuré de 51 ans, cet être aux yeux exorbités de lapin effrayé, est l’un des plus grands noms de la mode mondiale. […] Le génie textile est tombé de son piédestal et c’est cette star déchue que tous sont venus regarder mercredi. Lui sent bien dans son dos cette salle pleine à craquer et les yeux de la presse internationale braqués sur ses épaules. L’envoyée spéciale de Vanity Fair est là. Celui du Wall Street Journal aussi, comme du mensuel GQ version américaine.»
Plus des dizaines de médias anglais comme The Sun qui a suivi l’affaire de manière très détaillée; allemands, du plus sérieux tel le Spiegel, au plus people tel le Bild. Et puis, il y a là encore des journalistes espagnols comme la correspondante d’El País ; des reporters d’Italie, où le Vogue local s’est passionné pour le cas Galliano; d’autres encore, originaires des Pays-Bas ou du Japon, des médias arabes et, bien sûr, tout le gratin de la presse française. «Une affluence record.»

Car décidément, l’homme fait recette, lui qui tout au long de sa vie et de sa carrière, «n’aura cessé d’alterner le sordide et le grandiose», explique Courrier international, en tête d’un portrait brossé par Newsweek, qu’il a lu et traduit. Où il apparaît que le lieu de l’altercation posée sur la table des juges, le café parisien La Perle, «fréquenté par une clientèle proche des milieux artistiques, n’est jamais devenu chic: le comptoir est en zinc, le décor a des touches de formica orange et les toilettes pour hommes ne sont qu’un trou dans le sol, des toilettes à la turque. Si le café est très couru, c’est parce que le quartier où il se trouve – le Marais – est devenu branché. Galliano a manifestement pensé qu’il pouvait y dire ou faire pratiquement tout ce qu’il voulait.»
Alors voilà, «dans les jours qui ont suivi l’incident, poursuit le magazine, ses amis se sont efforcés de comprendre comment cet homme qu’ils qualifiaient souvent de «gentil» avait pu cracher des propos aussi répugnants. Ceux-ci sont d’autant plus insultants que le Marais était jadis le centre de la vie juive parisienne, avant de devenir un refuge gay très fréquenté par les fashionistas.» Une des victimes de l’accusé a déclaré à la police qu’avec un ami, ils «avaient tenté de calmer Galliano, mais qu’il n’arrêtait pas de leur dire de partir, que le «quartier lui appartenait». Il appartient au moins autant à l’histoire de l’Holocauste: à trois minutes à pied seulement de La Perle se trouve une école primaire où les nazis ont raflé 260 enfants, qu’ils ont envoyés dans les camps de la mort.»

Et L’Express d’opérer lui aussi un flash-back: «Quelques mois auparavant, en octobre 2010. Concordance des injures et des lieux. Seule la plaignante change, en l’occurrence Fathia Oumeddour. Cette dernière n’assiste pas à l’audience mais une amie, Claudia, témoin de la scène, raconte: «Il l’a traitée de «vache moche».» Puis, il est passé à «sale pute». Et enfin à «sale pute juive!». Elle conclut: «Il n’était pas dans son état normal».» Il a donc un «double», en conclut le correspondant à Paris de 24 Heures et de la Tribune de Genève: face à lui – ou «à ses démons», préfère Sud Ouest – «qui s’agite sur l’écran, Galliano réagit: «En aucune manière j’adhère à ce genre de propos. Sur cette vidéo, je vois quelqu’un qui a besoin d’aide. C’est une coquille vide».»

Et le correspondant de Slate de conclure, au terme de sa journée: «Il est presque 23 heures, l’audience est levée, le public quitte la salle après sept heures de débats, les yeux rougis de fatigue et le dos en compote. Galliano s’éclipse comme il était arrivé, la tête basse. En rentrant chez soi, on tombe dans le métro sur deux voyageurs abrutis par l’alcool qui hurlent les pires horreurs sous l’œil indifférent du reste du wagon.» Mais pour la star déchue, conclut Challenges.fr, «la principale sanction a déjà eu lieu: il a été licencié non seulement de chez Dior mais aussi de la société qui porte son nom, John Galliano SA, détenue à 91% par Dior Couture, filiale de LVMH.»

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